22 mai 2025

Rencontre avec Cara Delevingne : “Je n’ai jamais été du genre à suivre les règles”

Mannequin, actrice et chanteuse, la Britannique Cara Delevingne a marqué toute une génération par ses looks rock’n’roll et ses prises de paroles engagées (notamment sur la santé mentale). Alors que la star était au Festival de Cannes en tant qu’ambassadrice L’Oréal Paris, elle se confie sur l’estime de soi, la musique, ses rôles et la place des femmes au cinéma.

  • propos recueillis par Violaine Schütz.

  • Publié le 22 mai 2025. Modifié le 26 mai 2025.

    
    

    Muse de Karl Lagerfeld, mannequin, it girl, musicienne, chanteuse, actrice, personnalité engagée (notamment sur la santé mentale et les droits LGBTQ+)… On ne compte plus les casquettes de la magnétique Britannique Cara Delevingne.

    Mais depuis un an, la top est aussi l’une des ambassadrices L’Oréal Paris qui prône l’acceptation de soi tout en envoyant valser les conventions. Numéro a rencontré la star aux 40 millions de followers – et 1001 grimaces – dans une suite du Martinez, pendant le Festival de Cannes.

    L’interview de Cara Delevingne, actrice, mannequin et ambassadrice L’Oréal Paris

    Numéro : Que représente pour vous le rôle d’ambassadrice L’Oréal Paris ?

    Cara Delevingne : Pour moi, c’est un véritable honneur. Les femmes qui figurent sur la liste des égéries de la marque sont des personnes que je respecte énormément, notamment pour leurs carrières et leurs valeurs. Et des amies. Regardez les parcours des actrices Jane Fonda et Viola Davis, leurs combats, leurs accomplissements… Je trouve que L’Oréal Paris fait un travail incroyable en sélectionnant un groupe de femmes aussi diversifié et exceptionnel, avec des opinions, des voix et des valeurs différentes. Être parmi ces femmes est un grand honneur.

    L’Oréal Paris accorde une grande importance au self love. Comment êtes-vous arrivée à vous accepter telle que vous êtes ?

    L’amour-propre et l’estime de soi, c’est quelque chose qui évolue constamment. Ce n’est pas quelque chose que l’on maîtrise. Il faut y travailler tous les jours. Certains jours, on ne se sent pas à la hauteur, mais c’est là qu’il faut se relever. Je pense que c’est quand on se sent bien dans sa peau qu’il faut travailler sur ça. C’est là qu’il faut se rappeler : “Bon, je me sens vraiment bien aujourd’hui. Alors, quand je passe une mauvaise journée, je m’en souviendrai.” Car les mauvaises journées passent. Elles ne durent jamais éternellement. Il faut toujours s’accrocher et se rappeler que cette journée aussi passera.

    Êtes-vous heureuse d’être au Festival de Cannes ?
    Oui, venir à Cannes, c’est important pour moi, surtout pour participer à la célébration des réalisatrices de demain, à travers le prix Lights on Women’s Worth décerné par L’Oréal. Ce qui me réjouit vraiment. J’ai hâte de voir qui la jurée du prix, Viola Davis, choisira afin de lui décerner la récompense du meilleur court métrage.

    Cannes, c’est le plus beau spectacle de la nature mêlé au chaos de l’humanité.” Cara Delevingne

    Qu’aimez-vous le plus et le moins au Festival de Cannes ?

    Ce que j’aime le plus ? Le chaos qui y règne. Le côté dramatique de tout ça : les gens se bousculent et qui se croisent rapidement. On prend un ascenseur, puis un taxi. On entend les conversations de différentes personnes… Bref, c’est le chaos absolu, ce que j’adore. Mais en même temps, je n’aime pas le chaos, surtout quand on parle de circulation. Heureusement, c’est incroyable de regarder l’océan. C’est fou parce que c’est juste le plus beau spectacle de la nature mêlé au chaos de l’humanité.

    On vous a d’abord connue comme mannequin, puis comme actrice et musicienne-chanteuse. Comment vous définissez-vous ?

    Comme une artiste et une créative. Je pense que nous aimons toujours, en tant qu’êtres humains, mettre les gens dans des étiquettes ou dans des cases. Personnellement, j’ai toujours été créative. La seule chose que je ne sais vraiment pas faire, c’est peindre ou dessiner. Mais je trouve et utilise tout ce que je peux pour m’exprimer de manière créative.

    Je n’ai jamais été du genre à suivre les règles.” Cara Delevingne

    Comment choississez-vous vos rôles au cinéma ?

    Il y a différentes choses qui comptent. Je suis généralement attirée par les personnages, mais je pense aussi à la vision globale. Car un film est fait de tant de personnes différentes, que ce soit le directeur de la photographie, le réalisateur ou les autres acteurs. Pour moi, c’est toujours une question de personnage et de vision. Quel est le sens du projet, ses messages, ses dialogues ? Je veux savoir quelles questions seront posées dans le film ou dans la série avant d’accepter un rôle. Ou ce que les spectateurs en garderont à la fin.

    Vous avez joué dans des films très rock’n’roll comme Suicide Squad ou Her Smell. À quel point ces projets reflètent votre personnalité ?
    Je crois que j’ai toujours été rebelle. J’ai toujours pensé que j’aimais faire les choses différemment. Et je n’ai jamais été du genre à suivre les règles. Enfin je parle des règles et des conventions qui doivent être respectées en société, car évidemment, la loi et tout ça, c’est important. Je suis comme un saumon. J’aime nager à contre-courant. Si beaucoup de gens vont dans un sens, j’en prends généralement un autre. Quand les gens me disent que quelque chose est vrai, je ne les crois pas. Je dois le découvrir par moi-même. Alors, peut-être que je suis têtue.

    “Sur Only Murders in the Building, j’ai travaillé avec une amie très proche, Selena Gomez.” Cara Delevingne

    Récemment, on vous a vue dans les séries Only Murders in the Building et American Horror Story. Pouvez-vous nous parler de ces deux aventures ?

    Ce sont deux projets très différents. Enfin, les deux shows racontent des histoires très éloignées, mais le casting est vraiment incroyable dans les deux cas. Et j’ai vécu de super moments sur les deux tournages. Sur Only Murders, j’ai travaillé avec une amie très proche, Selena Gomez, mais aussi avec des gens que j’admire depuis longtemps. L’équipe et les réalisateurs sont des gens géniaux. J’ai beaucoup appris. Et American Horror Story était une série que je regardais et dont j’étais fan depuis longtemps. J’adore Ryan Murphy. C’était certainement beaucoup plus choquant qu’Only Murders par certains côtés. Et j’ai beaucoup appris de différentes manières, mais c’était un challenge auquel je ne m’attendais pas. Mais disons que les deux séries ont été instructives.

    Que pensez-vous de l’évolution de la place des femmes dans le cinéma ?

    Les progrès ont été lents. Plus lents que je l’aurais souhaité. Au fil du temps, il y a eu des pionnières incroyables en matière de cinéastes, de scénaristes, de réalisatrices, et même de femmes derrière la caméra, y compris au sein de l’équipe. Personnellement, j’aimerais bien en voir davantage. Car il y a presque autant de femmes dans le monde que d’hommes. Et cela ne se reflète pas dans l’art, alors que ça devrait l’être. Mais je pense que ça s’améliore. Avec des distinctions et des prix comme Lights on Women’s Worth, on contribue à l’avenir que nous souhaitons tous.

    Ma nature rebelle se retrouve dans mes looks.” Cara Delevingne

    Et quelle place occupe la musique dans votre vie actuellement ?

    Une grande place. J’ai toujours aimé écouter de la musique et en faire (Cara Delevingne joue de la batterie et de la guitare). Et j’en ferai toujours.

    Vous êtes connue pour votre allure glam-punk. Comment qualifiez-vous votre look ?

    Androgyne. Je peux être à la fois masculine et féminine. Un jour, j’aime être super glamour, et le lendemain, vraiment à l’aise. Je pense que ça change beaucoup (sur le tapis rouge de Cannes, elle porte une robe de princesse et une mini frange gothique, ndlr). Mais j’aime toujours avoir un côté décalé. C’est comme ça que je suis dans la vie. Ma nature rebelle et mon côté “légèrement différent” se retrouvent dans mes looks.

    L’actrice sera prochainement à l’affiche du film The Murderous Miss Highsmith d’Alexandra Pechman, avec Noémie Merlant et Shailene Woodley.