24 mai 2025

Rencontre avec Elle Fanning, star de Valeur sentimentale, à Cannes

Visage de poupée, beauté diaphane et talent monstre… L’actrice Elle Fanning est l’un des prodiges du cinéma américain. Celle qui a commencé ce métier enfant et qui a tourné pour Sofia Coppola, défendait à Cannes le film Valeur sentimentale ainsi que son rôle d’ambassadrice L’Oréal Paris. Rencontre.

  • propos recueillis par Violaine Schütz.

  • Publié le 24 mai 2025. Modifié le 26 mai 2025.

    Maléfique, Somewhere, The Neon Demon, The Great, Super 8, Un parfait inconnu, l’actrice américaine Elle Fanning, 27 ans, a déjà derrière elle une longue et belle carrière. Mais l’ambassadrice L’Oréal Paris, qui est aussi productrice, ne se repose pas sur ses lauriers.

    Au Festival de Cannes 2025, la muse de Sofia Coppola défendait le superbe Valeur sentimentale de Joachim Trier qui a reçu le Grand Prix lors de la cérémonie de clôture. L’occasion d’une rencontre passionnée avec cette star au visage de poupée et au talent monstre.

    L’interview d’Elle Fanning, star du film Valeur sentimentale et ambassadrice L’Oréal Paris

    Numéro : Vous êtes à Cannes pour présenter un film dans lequel vous jouez : Valeur sentimentale de Joachim Trier. Pourriez-vous nous parler de ce long-métrage ?

    Elle Fanning : Je suis tellement fière de ce film. Je l’adore. Et j’ai adoré le tourner. Joachim Trier a réalisé tant de films brillants. Et je voulais travailler avec lui depuis très longtemps. Je me sens donc chanceuse d’avoir pu y participer. Et nous sommes tous là avec toute l’équipe. À l’avant-première, c’était très émouvant, honnêtement, de recevoir cet accueil (une standing ovation de près de 20 minutes, ndlr), car on ne sait jamais ce que les gens vont ressentir. Je savais que j’avais aimé le film dès le début. Je l’avais déjà vu, mais on ne sait jamais. C’était vraiment spécial. Être à Cannes, un endroit qui compte beaucoup pour moi, a rendu le film encore plus spécial.

    Quel est votre rôle dans ce film ?

    Oui. J’incarne Rachel Kemp, une actrice américaine embauchée par Gustav, joué par Stellan Skarsgård. C’est un cinéaste scandinave qui vit en Norvège et qui s’apprête à tourner son prochain film. Il me retrouve au Festival du film de Deauville et me propose le rôle. Je m’envole donc pour Oslo. Rachel est alors un peu dépaysée. C’est une très grande star hollywoodienne qui est très connue du public. Mais elle est à un moment de sa carrière et de sa vie où elle se retrouve au plus bas. Elle recherche la créativité et un rôle grâce auquel elle peut exprimer son talent et ressentir les choses. Un rôle un peu plus cru. Elle se tourne donc vers un cinéaste étranger. Mais elle se retrouve mêlée à un drame familial. Et on découvre qu’elle n’est peut-être pas vraiment la personne idéale pour le rôle.

    J’ai eu la chance de travailler avec de nombreuses réalisatrices et je souhaite continuer à le faire.” Elle Fanning

    Vous êtes aussi à Cannes en tant qu’ambassadrice L’Oréal Paris...

    Je suis ambassadrice L’Oréal Paris depuis un petit moment déjà ! Il faudrait que je trouve l’année exacte où j’ai commencé, mais ça fait un bail. C’est mon moment préféré. J’adore venir à Cannes et être avec l’équipe de la marque. Une marque qui soutient les femmes. Ce n’est pas juste une marque de beauté. C’est une expérience à part entière avec les autres ambassadrices. J’adore ça, car j’ai l’impression qu’il y a un vrai message dans la marque. Ce n’est pas juste de la publicité. C’est un véritable style de vie. Les égéries sont des personnes que j’admire, avec lesquelles on peut apprendre plein de choses.

    Avec le Lights on Women’s Worth Award, L’Oréal Paris met en lumière les femmes réalisatrices. Que pensez-vous de l’évolution de la place des femmes au cinéma ?

    Évidemment, il reste encore du travail à faire. Mais je pense que ces dernières années, il y a eu un véritable débat sur le sujet et sur la promotion de la voix des femmes. Notamment avec des initiatives comme le prix Lights on Women’s Worth, qui permet à des réalisatrices débutantes de présenter leurs courts métrages et de lancer leur carrière. J’ai été jurée, l’année dernière, et j’ai participé à cette élection. J’ai rencontré la réalisatrice, Viv Li, hier, et elle a remporté de nombreux prix grâce à L’Oréal Paris. Elle a lancé sa carrière. Donc, bien sûr, il reste encore du boulot. Mais j’ai aussi eu la chance de travailler avec de nombreuses réalisatrices au cours de ma carrière et je souhaite continuer à le faire et à les aider.

    Sofia Coppola a joué le rôle de tante dans ma vie.” Elle Fanning

    En parlant de réalisatrices, qu’avez-vous appris de vos collaborations avec Sofia Coppola sur Somewhere et Les Proies?

    J’ai tellement appris. J’ai travaillé avec elle pour la première fois à l’âge de 11 ans, sur Somewhere. Elle a été un véritable modèle pour moi, jouant le rôle de tante dans ma vie. J’ai retravaillé avec elle à l’âge de 18 ans. Nous avons fait beaucoup de séances photo ensemble et des publicités amusantes. Nous sommes restées très proches depuis. Elle a une force tranquille. Elle est à la fois gentille et affirmée. C’est une force remarquable. J’admire vraiment cela. Elle n’a pas peur d’exprimer son opinion et possède une vision incroyable. Je trouve son esthétique et son goût incomparables. On sent qu’il s’agit d’un film de Sofia Coppola quand on regarde l’une de ses productions. Elle y dépose sa marque.

    Vous avez joué dans de nombreux films cultes. L’un d’eux est The Neon Demon. Pourriez-vous nous parler de cette aventure ?

    C’était mon premier film présenté au Festival de Cannes. J’avais 18 ans et je n’y étais jamais allée auparavant. J’ai fait l’avant-première, et c’était très polarisant. Il a été applaudi. Certains l’ont détesté, d’autres l’ont adoré. Et j’ai aimé ça. Car c’est aussi pour ça que je voulais le faire. Je voulais vraiment travailler avec Nicolas Winding Refn. Mais je voulais aussi me lancer un défi et choquer les gens. J’aime beaucoup surprendre. C’est l’un de mes films préférés dans ma filmographie. Je ne l’ai pas vu depuis longtemps. Je devrais probablement le revoir. Mais il est un peu effrayant.

    Mes choix de rôles viennent des tripes.”

    Comment choisissez-vous vos rôles ?

    Je pense que le réalisateur est extrêmement important. Je peux d’ailleurs vouloir travailler avec un cinéaste débutant avec qui je n’ai jamais travaillé, mais à qui j’ai envie de donner sa chance parce que j’adore l’histoire et le personnage. Les autres acteurs impliqués dans le projet sont aussi eux essentiels dans le choix. S’il y a quelqu’un avec qui j’ai toujours voulu travailler qui accepte le film, c’est un plus. Car c’est quelqu’un dont on peut apprendre des choses. Mais c’est très instinctif en fait. Ça vient des tripes. C’est assez inexplicable au final.

    Vous êtes également productrice…

    Je produis aussi mes propres films et émissions. J’ai une société de production avec ma sœur, Dakota (Fanning), Lewellen Pictures. On a fait beaucoup de choses, notamment des documentaires criminels. On a eu un film nommé aux Emmy Awards, diffusé sur Hulu, qui intitule Mastermind. C’est excitant. On est en train de se tailler une place dans ce monde-là.

    Quand j’ai débuté le cinéma, je n’avais pas mon mot à dire ni d’autorité sur mes projets.”

    Qu’est-ce que le fait de produire des films a changé dans votre carrière ?

    Ça a vraiment changé beaucoup de choses pour moi. J’ai commencé à travailler à l’âge de 18 mois et j’ai grandi dans ce milieu. Ma sœur a commencé à travailler à l’âge de cinq ou six ans, donc très jeune. À cet âge-là, on n’a pas vraiment son mot à dire ni d’autorité sur les projets qu’on obtient. On passe des auditions, et les gens nous choisissent. Ce n’est pas comme si on prenait les décisions. Je crois que ma sœur et moi, juste avant 2020, on a pris cette décision : “Vous savez quoi ? On veut avoir plus notre mot à dire et, bien sûr, que ça reste en famille. On va le faire ensemble. Et on travaille très bien ensemble, et on a des atouts qui se complètent.

    Vous vous êtes donc imposée dans ce monde-là…

    Ça m’a vraiment donné beaucoup de confiance de produire mes propres projets, de participer au montage et d’avoir mon mot à dire sur les scénarios et les personnes qu’on veut embaucher. Parce que c’est essentiel. L’équipe qui nous entoure est la chose la plus importante sur un plateau de tournage. Alors, avoir ça et pouvoir se dire : “En fait, je sais de quoi je parle, car je suis dans le métier depuis un certain temps”, c’est précieux. Ensuite, il faudrait commencer à être à l’aise avec cette confiance pour pouvoir le dire aux autres aussi.

    Un extrait du film Sentimental Value (2025).

    Justement, quel a été votre cheminement jusqu’à prendre confiance en vous ?

    Je pense que c’est un cheminement fluctuant, comme pour tout le monde. On vit dans une société où l’on se compare constamment aux autres sur les réseaux sociaux, où l’on voit beaucoup d’images. Et parfois, on se compare, et on n’est pas très à l’aise avec ça. Mais j’ai appris à me demander : “Qu’est-ce qui me rend différente ou unique ?” Ou plutôt : “Qu’est-ce qui nous rend toutes si spéciales ?” Et ce serait tellement ennuyeux si on se ressemblait toutes, si on avait la même personnalité, etc. Connaître ma valeur reste donc un cheminement. Mais c’est en partie pour ça que j’aime L’Oréal Paris, parce qu’ils célèbrent cela. Ils ont une communauté de femmes très diversifiée, qui représente toutes les beautés, et montre que ça vient de l’intérieur. C’est ça, au final, qui compte.

    Un planning chargé

    Vous avez beaucoup de projets excitants : Margo’s Got Money Troubles, Predator: Badlands, Rosebush Pruning, I Am Sybil, Hunger Games

    Sentimental Value va sortir cette année. Sinon, le film Badlands est issu de la franchise Predator, ce qui me passionne vraiment. Il est assez déjanté et va être épique, je pense. C’est un gros film d’action et une grosse franchise, ce qui est très différent de ce que j’ai fait avant. Il sortira en novembre 2025. Et puis je travaille sur une série télé : Margo’s Got Money Troubles, avec Nicole Kidman et Michelle Pfeiffer, que je produis pour Apple. Mon planning est chargé, mais ça me plaît comme ça. Cet été, je serai un peu libre.

    Quel est votre meilleur souvenir du Festival de Cannes ?

    Chaque année, L’Oréal Paris m’offre toujours un peignoir à l’effigie de la marque avec écrit : « Je le vaux bien », que je ramène chez moi. Ils se trouvent dans les chambres d’hôtel des ambassadrices pour qu’on puisse se préparer en peignoir. Je les adore. Ils sont très confortables.

    Valeur sentimentale de Joachim Trier, présenté au Festival de Cannes 2025. Au cinéma le 20 août 2025.