26 mai 2025

White Sand : l’hôtel de luxe de Zanzibar au large de la Tanzanie

Entre écoresponsabilité, raffinement et savoir-faire local, le White Sand Luxury Villas & Spa (Relais & Châteaux) incarne un luxe discret. Niché sur la plage de Paje, sur l’archipel de Zanzibar, il promet un séjour d’exception au large de la Tanzanie.

  • Par Alexis Thibault.

  • Zanzibar : un archipel paradisiaque

    Au large de la Tanzanie, l’archipel de Zanzibar fait inévitablement rêver les amateurs d’évasion : sable blanc et lagons turquoise à perte de vue. Mais au-delà de son esthétique de carte postale, l’île aux épices, vibre désormais d’une ambition nouvelle — au grand dam des Zanzibaris et de la plupart des expatriés : devenir le “Dubaï de l’Afrique”. Dans ce contexte d’essor fulgurant du tourisme, un hôtel de luxe incarne cette élégance discrete et durable… Mais nous y reviendrons.

    Terre natale de la légende Freddie Mercury, né à Stone Town, la vieille ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, Zanzibar n’est pas qu’une destination de rêve ; c’est aussi un carrefour historique. Son nom même provient de l’arabe Zanj el Barr, signifiant “la côte des Noirs”. Historiquement, il désignait l’ensemble du littoral est-africain.

    Aujourd’hui, l’île en incarne encore le cœur battant, à la croisée de ses mémoires… et de son avenir. Située au croisement des routes commerciales entre le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie, Zanzibar a connu la domination portugaise, puis omanaise, et enfin britannique. Un détail incongru trahit encore aujourd’hui cette histoire : les myriades de corneilles, importées du Golfe persique par les sultans d’Oman, qui peuplent les toits et forment des chœurs de plumes bavard.

    Une métamorphose fulgurante

    Le sud de l’île a été historiquement structuré par les colonisateurs allemands, belges, anglais et français, selon une certaine rigueur urbanistique. Le nord, en revanche, a vu les Italiens mener la danse, avec une approche beaucoup plus libérale. Ce sont d’ailleurs eux qui y ont implanté les premières structures hôtelières, notamment dans le nord, encore très prisé aujourd’hui par une clientèle transalpine fidèle.

    Les slogans touristiques, amusants pour les uns, problématiques pour les autres, s’y affichent donc sans complexe, reprenant notamment l’expression “Hakuna Matata” — devise popularisée par Disney dans Le Roi Lion (1994), issue de l’expression swahilie Hakuna matatizo. Sa signification : ” Il n’y a aucun problème.

    Ici, le contraste est donc saisissant : des zones encore vierges côtoient des constructions hôtelières qui prolifèrent à un rythme effréné. Il faut également préciser que Zanzibar a connu un épisode singulier durant la crise sanitaire mondiale. Longtemps, l’île a semblé épargnée par le COVID-19, en raison de l’absence de données officielles. Le gouvernement tanzanien avait cessé de publier les chiffres dès mai 2020, sous l’influence du président John Magufuli. Son approche politique et religieuse minimisait la gravité du virus. Ce dernier ira jusqu’à faire tester une chèvre et un pneu pour discréditer les tests de dépistage. Officiellement, peu de cas ont été recensés, mais la réalité fut plus nuancée : la jeunesse de la population, l’insularité de l’île et une capacité de dépistage très limitée ont masqué une circulation du virus bien plus large qu’annoncé. Ironie du sort, John Magufuli décédera en mars 2021… vraisemblablement du COVID-19.

    L’hôtel White Sand : luxe et respect impératif de la communauté locale

    Au cœur de ce tumulte naissant, l’hôtel White Sand s’impose comme une oasis de sobriété et d’élégance. Situé sur la plage de Paje, un village de pêcheurs encore très préservé au sud-est de l’île, il bénéficie d’un emplacement unique, en bordure de l’un des plus beaux spots de kitesurf au monde. Ce complexe familial et exclusif — seul membre de la prestigieuse chaîne Relais & Châteaux en Tanzanie — se compose de trois chambres et de dix-huit villas.

    L’hôtel ouvre ses portes en 2014, porté par la vision d’un chef d’entreprise européen qui, après avoir vendu sa société d’ingénierie une quinzaine d’années plus tôt, décide de concrétiser un rêve : créer un lieu d’exception, à la fois respectueux de la nature, de la population, et profondément enraciné dans son environnement. “Pendant longtemps, Zanzibar ne figurait pas parmi les destinations paradisiaques les plus prisées”, confie Natalia Niznik, co-propriétaire du White Sand. “Lorsque nous sommes arrivés ici, il y a environ onze ans, il n’y avait que très peu d’hôtels. D’ailleurs, les routes n’ont été construites qu’il y a une quinzaine d’années. Je ne parlerais pas de balbutiements, mais on peut dire que le tourisme ici en est encore à ses débuts.” La plupart des vacanciers y séjournent trois ou quatre jours, de retour d’un safari sur le continent.

    Sept de ces villas récentes sont particulièrement remarquables : elles fonctionnent à 100 % à l’énergie renouvelable — une première en Afrique de l’Est. L’architecture met en valeur les matériaux locaux, notamment le bois noble de manguier, utilisé aussi bien pour les charpentes que pour le mobilier. Quant au service hôtelier, digne des plus grandes maisons, il s’allie évidement à une gastronomie raffinée inspirée des saveurs swahilies. On trouvera également un spa, niché au cœur d’une végétation tropicale luxuriante.

    Tendre vers un tourisme éthique

    Les critiques risquaient de pleuvoir. Faut-il vraiment construire un établissement de luxe au cœur d’une région pauvre ? La Tanzanie reste l’un des pays les moins développés du monde selon l’Indice de développement humain (IDH) – où une grande partie de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. Quant aux infrastructures de base (routes, électricité, santé, éducation), elles restent fortement inégales selon les différentes zones. “C’est une question que nous nous sommes posés dès le départ”, réagit Natalia Niznik lorsque nous abordons le sujet assez frontalement. “C’est pourquoi 90 % de notre équipe est composée de Zanzibaris. Il nous semblait essentiel d’impliquer pleinement la communauté locale. Mais cela devait se faire progressivement, avec respect.

    Cette approche se traduit alors par la construction de logements, juste de l’autre côté de la route. Ils permettent d’héberger environ 200 employés. L’établissement décide d’aller encore plus loin et noue un lien privilégié avec un orphelinat local, organisant une collecte régulière de dons matériels auprès des clients : “Nous refusons que les touristes se mettent en scène pour s’offir un rôle de bienfaiteurs. Un don sincère doit rester discret.

    Avec seulement quatre ou cinq établissements pouvant véritablement être qualifiés de luxueux sur l’île, le White Sand se distingue également par des initiatives singulières : un tailleur local a été intégré à l’hôtel, proposant une sélection de tissus traditionnels, pour une immersion culturelle subtile. Ici, la clientèle est variée. En tête, les Français représentent 23 % des visiteurs, suivis de près par les Américains (21 %), les Britanniques (11 %) et les Allemands (10 %).

    Nous avons fait le pari de construire de grandes villas”, poursuit-elle. “Nous aurions pu en bâtir quinze plus petites en bord de mer, mais nous avons préféré n’en installer que cinq, plus spacieuses. Pour nous, le vrai luxe, c’est ça. L’espace et la sérénité.” Ces villas, conçues en deux parties distinctes, disposent d’un salon séparé de l’espace nuit — une configuration pensée pour réaliser le rêve personnel du propre père de Natalia, le fameux chef d’entreprise européen.

    En immersion au milieu des algues

    White Sand surgit comme un véritable paradis pour les amateurs de kitesurf. Les alizés réguliers offrent des conditions idéales pour s’initier ou se perfectionner. D’ailleurs, le club affilié à l’hôtel met à disposition un matériel haut de gamme. Mais le plaisir nautique ne s’arrête pas là. L’hôtel propose une excursion en ngalawa, canoë à balancier traditionnel swahili, dans les eaux calmes et translucides du lagon.

    Une autre activité permet de découvrir le savoir-faire ancestral des femmes de la région : la culture des algues. Elles récoltent dans l’océan cette plante marine précieuse avant de la transformer en cosmétiques biologiques. Savons, gommages, soins pour la peau… Le White Sand soutient activement ce projet via un partenariat avec Mwani Zanzibar.

    D’autres trésors : la forêt de Jozani et la ville de Stone Town

    Parmi les excursions incontournables figurent les trésors terrestres de Zanzibar. Le parc national de Jozani, situé à une trentaine de minutes de l’hôtel, se dresse comme un sanctuaire naturel. La forêt dense abrite, quant à elle, les colobes rouges, espèces de primates endémiques et emblématiques de l’île, mais aussi les singes vervets bleus et une multitude d’oiseaux. Une promenade guidée dans la forêt de mangroves permet justement de comprendre l’importance de ces écosystèmes fragiles.

    Plus loin, mais tout aussi essentielle, la visite de Stone Town plonge les visiteurs dans l’âme de Zanzibar. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, cette ville est un mélange fascinant d’influences africaines, arabes, indiennes et européennes. Ses ruelles sinueuses, ses portes sculptées, ses places vibrantes racontent une histoire complexe sur le point de connaître un bouleversement.

    Zanzibar White Sand Luxury Villas & Spa – Relais & Chateaux, Paje Beach, Paje, Tanzanie.