27 mai 2025

10 expositions mode à voir partout en France en 2025

De la première exposition d’envergure consacrée à la mode au musée du Louvre, à l’histoire méconnue du wax au musée de l’Homme, en passant par la nouvelle retrospective de la galerie Dior, un hommage à Charles Frederic Worth au Petit Palais ou un parcours revenant sur l’amitié de Mugler et Alaïa… Numéro dévoile sa sélection d’expositions mode à découvrir partout en France en 2025.

  • par Louise Menard

    Jordan Bako

    et Camille Bois-Martin.

  • La haute couture de Charles Frederic Worth sous les ors du Petit Palais

    Si son nom est moins connu du grand public que ceux de Christian Dior ou d’Yves Saint Laurent, Charles Frederic Worth a pourtant marqué et largement influencé la mode du 20e siècle. En témoigne l’exposition étalée sur plus de 1 000 mètres carrés que le Petit Palais lui consacre. Lorsqu’il fonde sa marque du même nom en 1858 à Paris, le créateur britannique s’implante dans une industrie encore en plein développement. Au cours de la même décennie, le Bon Marché ouvre notamment ses portes — et, par la même occasion, le commerce textile à de nouvelles classes sociales.

    Mais la mode de Worth est réservée aux élites. Il habille aussi bien l’Impératrice Eugénie que, plus tard, l’autrice américaine Mary Curzon. Manteaux d’opéra, tea-gowns, robes de bal… Le savoir-faire méticuleux et les tissus somptueux mobilisés par le couturier (tous exposés au sein des vastes galeries du musée) en font rapidement une figure incontournable, à laquelle on attribue aujourd’hui la naissance de la haute couture française.  

    “Worth, inventer la haute couture”, exposition jusqu’au 7 septembre 2025 au Petit Palais, avenue Winston Churchill, Paris 8e. 

    Toute l’histoire de Dior à la galerie

    Dans le paysage parisien en constante évolution, l’hôtel particulier du 30 avenue Montaigne s’élève tel un sanctuaire. Et pour cause, ce lieu mythique, investi par Monsieur Dior lui-même en 1946, voit naître les collections depuis bientôt 80 ans. Et abrite aujourd’hui un espace d’exposition et de mémoire renommé la Galerie Dior.

    Composée de 150 silhouettes – mêlant prêt-à-porter, haute couture, costumes de ballets et accessoires –, de croquis originaux ainsi que de photographies, une nouvelle rétrospective, organisée au sein du lieu, nous invite à un voyage immersif au cœur des archives Dior. Elle met en lumière pour la première fois l’amour du fondateur et de ses succésseurs pour la danse et le théâtre. Un événement qui rend bien évidemment hommage au patrimoine de la maison, et où les visiteurs (re)découvrent l’immense influence des arts sur les collections au fil des ans.

    Galerie Dior, 11 Rue François 1er, Paris 8e.

    Les créations textiles de Jeanne Vicerial envahissent la galerie Templon

    Alors qu’elle prépare sa prochaine exposition au Lieu Unique de Nantes, Jeanne Vicerial s’empare également des espaces de la galerie Templon, à Paris. Au gré de ses créations textiles, elle déploie un univers peuplé de figures féminines en fil noir.

    Fruit de son dernier projet mené sur deux années autour de la métamorphose et de la représentation du corps des femmes, l’exposition croise une large installation de “sex-voto” remplissant tout un mur, ainsi que ses sculptures obscures – qui façonnent un parcours presque inquiétant… 

    « Jeanne Vicerial, Nymphose”, exposition jusqu’au 19 juillet 2025 à la galerie Templon, 30 rue Beaubourg, Paris 3e. 

    Alaïa et Mugler : une amitié fondatrice dans l’histoire de la mode

    À l’origine de cette exposition, l’amitié durable qui unissait deux géants de la mode : Azzedine Alaïa et Thierry Mugler. Car, derrière le succès des ces créateurs, se cache une longue histoire de soutien et d’estime mutuels, qui a façonné et largement influencé leurs créations sur plus de trois décennies. Après leur rencontre en 1979, Alaïa signe une série de smokings présentés lors du défilé Mugler la même année.

    Une collaboration qui incite alors le premier à lancer sa propre maison de mode, encouragé par son ami qui, des années durant, lui présente les plus grandes journalistes de mode. Et lui organise même son tout premier défilé à New York, concevant pour lui le décor et la liste des invités. Ensemble, ils règnent sur la mode des années 80 et 90, soufflant un vent de glamour et d’énergie sur les tendances de la période, tout en continuant de nourrir leurs univers créatifs respectifs. Une relation prolifique et fascinante, dévoilée entre les murs de la Fondation Azzedine Alaïa ce printemps. 

    “Azzedine Alaïa. 1980/1990, Deux décennies de connivences artistiques”, exposition jusqu’au 31 août 2025 à la Fondation Azzedine Alaïa, 18 Rue de la Verrerie, Paris 4e.

    Dialogue entre or et textile au Quai Branly

    Quelle a été la place de l’or au sein des arts textiles ? C’est la question à laquelle le musée du Quai Branly tente de répondre à travers une exposition couvrant plus de dix siècles d’histoire et s’étalant sur cinq aires géographiques majeures : l’Inde, le Moyen-Orient, la Chine, le Japon et le Maghreb. 

    D’une chasuble en soie du Moyen Âge à une pièce haute couture contemporaine, dessinée par la créatrice chinoise Guo Pei, en passant par une robe de mariée égyptienne datant de 1880, les vêtements exposés mettent en lumière la noblesse de ce métal, adulé depuis toujours, et ce, par toutes les civilisations du monde.

    Au fil de l’or. L’art de se vêtir de l’Orient au Soleil-Levant, exposition jusqu’au 6 juillet 2025 au Quai Branly, Paris. 

    La Fondation Bemberg raconte le bijou à la Renaissance

    Première exposition sur le sujet après “Princely Magnificence  : Court Jewels of the Renaissance, 1500-1630”, organisée il y a quarante ans au Victoria & Albert Museum de Londres, “D’or et d’éclat” s’intéresse au rôle et à l’importance du bijou à la Renaissance.

    Divisée en six sections dédiées à l’artisanat, la notion de parure, le bijou de pouvoir, le bijou intime ou symbole d’appartenance à une communauté, et enfin le bijou comme ornement et objet d’art, l’expostion de la Fondation Bemberg nous fait découvrir de multiples tableaux de maîtres et autres objets précieux.

    “D’or et d’éclat. Le bijou à la Renaissance”, exposition jusqu’au 27 juillet 2025 à la Fondation Bemberg, Toulouse.

    L’histoire méconnue du wax exposée au musée de l’Homme

    Si le wax connaît aujourd’hui un succès retentissant en Afrique, certains ignorent peut-être que les origines du tissu s’enracinent de part et d’autre du globe, aussi bien en Indonésie, aux Pays-Bas qu’au Togo… Jusqu’au 7 septembre 2025, le musée de l’Homme consacre une exposition à l’histoire méconnue du tissu, devenu aujourd’hui un emblème du continent africain. Intitulé “Wax : entre héritage et réappropriation”, l’accrochage retrace enfin l’avènement de ce tissu. Si des fabricants néerlandais tentaient initialement d’imiter les imprimés traditionnels indonésiens, le wax gagne finalement en popularité au Ghana. Avant de s’exporter aux quatre coins du globe et d’inspirer alors des créateurs de mode, des peintres ou encore des photographes du monde entier. 

    Ainsi, les clichés hypnotiques de la photographe kényane Thandiwe Muriu rencontrent certaines créations de Maison Château Rouge et WOWO Paris. Au-delà d’une perspective strictement historique, les commissaires abordent également certaines questions sociales qui gravitent autour de ce type de tissu. Des symboliques cachées dans les imprimés wax à l’incontournable question de l’appropriation culturelle, l’exposition soulève des points de réflexion fondamentaux. Mais surtout essentiels pour comprendre la richesse – souvent mésestimée et pillée – du wax.

    “Wax : entre héritage et réappropriation”, exposition jusqu’au 7 septembre 2025 au musée de l’Homme, Paris 16e.

    De l’art à la mode et vice-versa au Louvre-Lens

    Les artistes sont-ils des icônes du style ? Les vêtements peuvent-ils être qualifiés d’œuvres d’art ? Au Louvre-Lens, la grande exposition S’habiller en artiste. L’artiste et le vêtement décrypte comment mode et art se sont nourris au fil des siècles à travers la figure des artistes et leurs productions.

    Autoportraits de Rembrandt et de Warhol, créations d’Elsa Schiaparelli et d’Yves Saint Laurent, ou encore tenues de Yayoi Kusama et de Niki de Saint Phalle sont ainsi à retrouver parmi les 200 œuvres présentées. 

    “S’habiller en artiste. L’artiste et le vêtement”, exposition jusqu’au 21 juillet 2025 au musée Louvre-Lens, Lens.

    Un parallèle rare entre mode et objets d’art au Louvre

    Au sein des salles du département des Objets d’art du musée du Louvre, les visiteurs, peu habitués à fouler le sol de ces galeries, découvrent une exposition mode tournée vers la mode et la haute couture. Immergés au milieu des grands salons, les vêtements sont mis en scène aux côtés d’armures du Moyen-Âge, devant d’immenses tapisseries… Ou encore disposés près d’une armoire d’André-Charles Boulle datant du 18e siècle.

    Les silhouettes et accessoires, réalisés par des couturiers et des créateurs entre 1960 et 2025, tels que Karl Lagerfeld ou Demna, semblent avoir toujours été là… L’accrochage initie un dialogue parfois évident, et parfois seulement suggéré, entre objets de mode et objets d’art. Et marque ainsi la première exposition de vêtement jamais organisée par le musée du Loure.

    “Louvre Couture. Objets d’art, objets de mode”, exposition jusqu’au 21 juillet 2025 au musée du Louvre, Paris.

    Les costumes scéniques de Christian Lacroix au CNCS

    Si l’on connaît Christian Lacroix en tant que couturier phare des années 1990, le grand public connaît peu sa carrière de costumier. Un chemin surprenant, qu’il emprunte après la fermeture sa maison de couture en 2009. Riche des pièces du créateur, confectionnées pour l’opéra, la comédie musicale et le théâtre, mais aussi de ses croquis, l’exposition Christian Lacroix et la scène organisée au CNCS relate toute une partie de l’œuvre de l’artiste.

    Largement inspiré par la mode des 18e et 19e siècles, les costumes, faits de dentelles, de froufrous, de corsets et de soies précieuses, font également écho à un vaste pan des looks imaginés plus tôt dans la carrière du créateur. L’occasion de replonger dans les archives colorées d’un couturier qui a marqué l’histoire de la mode française.

    “Christian Lacroix et la scène”, exposition jusqu’au 4 janvier 2026 au Centre national du costume et de la scène, Moulins.